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La magie Ferrari
Pour les amateurs de belles mécaniques, Ferrari évoque bien plus qu'une belle carrosserie, un joli bruit de moteur et de belles accélérations : c'est un univers en soi, un état d'esprit. L'écurie automobile italienne, qui a fêté ses 70 ans l'année dernière, s'est construite une aura de prestige au point de devenir un véritable mythe moderne. Combien de marques automobiles possèdent des parcs d'attraction dédiés à leurs modèles et leur univers ? Les parcs d'attraction développés par Ferrari, que ce soit à Abu Dhabi ou à Portaventura (en Espagne), montrent bien que la marque au cheval cabré n'est pas semblable aux autres. Le constructeur automobile a développé un univers qui fait plus rêver que n'importe quelle autre marque du secteur. Aujourd'hui, on revient sur la magie Ferrari et ses multiples ramifications.
Les débuts de Ferrari
L'histoire de Ferrari débute à la fin des années 1930 : la Scuderia Ferrari est alors le bras armé officiel d'Alfa Romeo dans les compétitions automobiles. Le 1er janvier 1939, Alfa Romeo annonce son intention de concourir pour son propre compte sous le nom d'Alfa Corse. Enzo Ferrari, l'ancien pilote de course alors à la tête de la Scuderia, se voit proposer le poste de directeur sportif de la nouvelle écurie. Celui-ci refuse cependant la proposition et quitte le constructeur italien. En 1939, grâce aux fonds recueillis par l'interruption de la Scuderia, Enzo Ferrari fonde sa propre entreprise à Modène : l'Auto Avio Costruzioni. Afin de participer aux Mille Miglia 1940, il construit ses deux premières barquettes de course : deux spyders dénommés « type 815 », carrossés par la Carrozzeria Touring et esthétiquement proches des Alfa Romeo 2300 6C. Pilotées par Lotario Rangoni/Enrico Nardi et Alberto Ascari/Giuseppe Minozzi, les deux barquettes ne finiront cependant pas la course en raison de problèmes mécaniques. Mais le succès viendra quelques années plus tard, en 1947, quand la première Ferrari sort de l'usine de la Via Abetone Inferiore, à Maranello. La 125 S incarne toute la passion de son créateur. Elle est propulsée par un moteur V12 de 1,5 litre conçu par les ingénieurs Gioachino Colombo et Luigi Bazzi. Ce type de motorisation est particulièrement inhabituel parmi les barquettes de course d'après guerre et révèle le caractère particulièrement visionnaire d'Enzo Ferrari. Lors du Grand Prix automobile d'Italie à Rome en mai 1947, Franco Cortese mène la 125 S à la victoire, la première d'une longue lignée. Elle est ornée de ce qui deviendra le symbole de la marque : le cheval cabré.
L'histoire du cheval cabré
L'emblème de Ferrari est, héraldiquement parlant, un « d'or au cheval rampant de sable, les lettres S et F en pointe » : un cheval noir cabré sur un fond jaune où apparaissent les lettres S et F pour Scuderia Ferrari, surmonté du drapeau italien, vert-blanc-rouge.
Le cheval est en fait un hommage à Francesco Baracca, un célèbre aviateur italien. C’est ce pilote émérite, de l'escadrille des As, qui eut l'idée de peindre ce cheval sur le fuselage de son appareil, un SPAD S.XIII. Il faisait ainsi allusion à ses années d’officier de cavalerie (selon des études récentes, il s’agirait d’un Persano, la race utilisée par la Maison de Savoie pour ses régiments).
Francesco Baracca est entré dans la légende en remportant un nombre impressionnant de victoires lors de la Première Guerre Mondiale : il a abattu quelques 34 avions ennemis en 63 combats avant de tomber à son tour en 1918.
Enzo Ferrari racontait que la mère du pilote lui avait demandé de mettre le cheval cabré sur ses voitures pour lui servir de porte-bonheur : il y avait simplement ajouté un fond jaune canari pour rappeler les couleurs de sa ville natale de Modène. Que l'anecdote soit vraie ou non, les parents de Baracca autorisèrent en tout cas Enzo Ferrari à utiliser le symbole du « Cavallino Rampante » (Cheval cabré). Enzo Ferrari l’adopta en tant que logo de la Scuderia.
Quant au rouge classique des Ferrari, il s’agit simplement de la couleur qui était attribuée par la Fédération Internationale Automobile aux voitures italiennes de grand prix au début du siècle dernier.
Une histoire de coopération
Dès le départ, Enzo Ferrari décida de porter une attention particulière au moteur, le châssis étant secondaire à ses yeux. Pour la carrosserie, il préféra s'adresser à d'autres. Des carrossiers de renom tels que Vignale, Ghia ou encore la Touring réalisèrent de nombreux modèles quasi-uniques pour le compte de Ferrari si bien que ce dernier jouit d'une réputation extraordinaire. Les dépliants publicitaires furent d'ailleurs rares dans l'important réseau de distributeurs locaux mis en place au milieu des années 1950.
Ferrari et le carrossier Pinin Farina entamèrent une coopération privilégiée dès 1952 qui se perpétue encore aujourd'hui. Battista « Pinin » Farina, fondateur de la carrosserie, aimait à expliquer que « l'un d'entre eux recherchait une femme belle et célèbre qu'il voulait modeler ; l'autre s'efforçait de trouver un designer à même de lui tailler des vêtements sur mesure ». Leur première réalisation commune fut un cabriolet destiné au propriétaire d'écurie Georges Filipinetti. Ce cabriolet fut suivi par bien d'autres modèles toujours plus impressionnants, comme la Ferrari 250 GT California Spyder dessinée par Pinin Farina et carrossée par Sciglietti.
Les courses automobiles – création de la légende Ferrari
L'histoire de Ferrari est indissociable de celle de la Scuderia Ferrari, écurie automobile évoluant en Sport-Prototypes tout comme en Grand Tourisme – et plus tard en Formule 1 – depuis 1929, au sein de laquelle le constructeur a connu ses plus grands succès.
La Scuderia Ferrari a disputé toutes les grandes épreuves de l'histoire et continue d'être un acteur incontournable des Grands Prix de Formule 1, des voitures de Grand Tourisme perpétuant la tradition du luxe et de la vitesse.
Ferrari a récolté plus de 5 000 victoires sur routes et circuits à travers le monde, devenant ainsi une légende moderne.
Certains champions automobiles, notamment, ont élevé la marque au rang de mythe, comme Michael Schumacher qui, de 1996 à 2006, s'est imposé 72 fois, a remporté cinq titres mondiaux des pilotes, et a offert six couronnes des constructeurs à son écurie.
Forte de son expérience en compétition, la marque a utilisé ses connaissances techniques pour équiper ses modèles de série. Ses sportives de prestige lui ont permis de s'imposer rapidement comme une référence automobile, aussi bien techniquement qu'esthétiquement.
Un club fermé qui fait rêver – acheter une Ferrari
Les Ferrari se sont ainsi vite imposées dans l'imaginaire collectif. Les bolides sont réservés à une élite, à quelques « happy few » prêts à débourser de 150 000 à plus d'un million d'euros pour des séries limitées. Qui plus est, l'argent ne suffit pas : il faut aussi se montrer patient. Le patron de Ferrari, Sergio Marchionne, reconnaissait il y a quelques années qu'il fallait jusqu'à trois ans d'attente pour obtenir une Ferrari 488.
Cette attente pourrait être rédhibitoire pour tout autre produit, mais pas pour une Ferrari. Cette attente ne fait en réalité qu'augmenter le plaisir de faire enfin partie du club très fermé des propriétaires de Ferrari. Aujourd'hui encore, sur le site de Ferrari, le constructeur signale que « devenir propriétaire d'une Ferrari est une privilège spécial et unique ». Acquérir une Ferrari revient à entrer dans un club très fermé.
Si l'acquisition d'une Ferrari reste un luxe inaccessible à beaucoup, il est heureusement possible de goûter le confort et les sensations de vitesse qu'offrent ses modèles grâce aux stages de pilotage, qui permettent de prendre le volant d'une F430 ou d'une F458.
Le présent
L'enseigne, qui a pris son indépendance de Fiat Chrysler (FCA) fin 2015, est désormais cotée en Bourse à Milan et New York et affiche des résultats à faire pâlir d'envie plus d'un constructeur: 3,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2016 pour seulement 8.014 voitures livrées et un bénéfice net en hausse de 38 %, à 400 millions d'euros. Sur le marché, les Ferrari de collection s'arrachent à prix d'or. La voiture la plus chère jamais vendue aux enchères est d'ailleurs une Ferrari 335 S Scaglietti de 1957, adjugée en 2016 à Paris pour 32 millions d'euros.
La marque propose non seulement des produits de grande qualité, mais entretient aussi un lien privilégié avec ses clients. Ces derniers peuvent ainsi personnaliser de manière poussée leur Ferrari en choisissant entre autres choses la couleur, le volant, les sièges, l'intérieur... Qui plus est, ces options peuvent être prises non chez un concessionnaire mais à l'usine même, au sein de l'Atelier. Inscrit dans le programme de One-to-One, l'Atelier Ferrari est un espace exclusivement dédié à la personnalisation des modèles. Installé dans l'usine de Maranello, il accueille chaque futur propriétaire afin de leur prodiguer des conseils. L'Atelier est une réussite commerciale : là où les clients déboursent en moyenne 13 000 euros en option chez les distributeurs, ils en dépensent 30 000 à l'Atelier.
Satisfaction client et employé
Si l'écurie italienne entend satisfaire ses clients, elle ne néglige pas pour autant ses employés Depuis 1997, la « Formula Uomo » (« Formule Homme ») lancée par Luca di Montezemolo traduit bien cette volonté. Cette stratégie, qui place l'humain au centre des considérations du constructeur, est destinée « à optimiser les lieux de travail, à soigner la formation continue et à prendre en compte la vie personnelle des employés ». Financé à hauteur de 200 millions d'euros sur dix ans, ce programme a permis de rénover l'ensemble des usines Ferrari afin d'améliorer le cadre de vie des employés.
Le Formula Uomo fut d'ailleurs le leitmotiv de la dernière usine Ferrari dessinée par Jean Nouvel, qui assemble entre autres les Ferrari California. Considérant que les employés sont plus productifs dans un cadre plus agréable, l'usine – la « plus moderne du monde » – est conçue pour limiter au maximum la pénibilité du travail. Le niveau sonore dans la manufacture est inférieur à 72 décibels, le nombre de mouvements nécessaires à chaque action est réduit de 60 % et l'espace de travail est augmenté de 20 % par rapport aux précédentes usines. L'usine intègre par ailleurs une cantine d'entreprise moderne, un centre de fitness et un centre de connaissance.
Le programme Ferrari met également l'accent sur le développement durable puisque mille arbres ont été plantés et des cellules photovoltaïques installées suite à la construction de l'usine dans le but, selon le CEO Ferrari, Amedeo Felisa, d'en réduire la dépendance énergétique de 25 % et les émissions de CO2 de 35 %.
Il est aujourd'hui possible de visiter ces usines dans le cadre d'un road trip inoubliable dans la Motor Valley.
Une passion entretenue - Ferrari
Ce qui fait véritablement la force de Ferrari, au-delà de la qualité de ses véhicules, c'est la passion de ses fans. Une passion qui transparaît au travers des Ferrari Owners'Club, des associations dont les membres sont des propriétaires de voitures Ferrari désireux de partager leur passion. Ces clubs sont reconnus et coordonnés par la direction de Ferrari et sont implantés dans plus de 30 pays. Ils participent à d'innombrables activités qui sont autant d'occasion de mettre leur marque favorite à l'honneur : rallyes, tracks days, soirées de gala, événements en tous genres.
Ces organisations à but non lucratif ne requièrent pas même la participation financière de Ferrari : elles s'autofinancent exclusivement grâce aux cotisations annuelles de leurs membres.
Et cette passion ne semble pas près de s'éteindre. Ferrari a en effet mis en place plusieurs dispositifs pour assurer la pérennité de son patrimoine.
Le département Classiche assure par exemple l'authenticité et la restauration des modèles historiques. Désireux de répondre aux attentes des maisons d'enchères en termes d'authenticité et de traçabilité des modèles, ce département de Ferrari réalise des certificats d'authenticité des modèles vieux de plus de vingt ans, des voitures de compétition et des automobiles d'exception (F40, Enzo, etc.). Les modèles doivent répondre à des critères d'identification particulièrement restrictifs ; entre autres, les automobiles ne doivent pas avoir connu de modifications et les numéros de série de l'ensemble des organes mécaniques doivent correspondre. Pour cela, Ferrari se base sur ses documents d'archives enregistrés depuis 1947 et n'hésite pas à reproduire des pièces mécaniques ou à faire appel à des anciens employés au titre de consultants.
Le département Corse Clienti propose quant à lui aux clients Ferrari d'acquérir et participer à l'entretien de leur voiture, qu'il s'agisse d'une GT ou d'une F1. Le génie commercial de la marque est d'avoir réussi avec le département Corse Clienti à entretenir son patrimoine sans y engloutir des sommes colossales, en faisant participer financièrement les passionnés de la marque.
Mais c'est peut-être les parcs d'attraction Ferrari qui parlent finalement le mieux de l'avenir de la marque. Leur succès montre bien l'empreinte que le constructeur italien a su imposer dans l'imaginaire collectif. Mais leur concept montre surtout que Ferrari ne se repose jamais sur ses lauriers : elle innove et va là où on ne l'attend pas. Quoi de plus logique, au fond, pour une marque automobile connue pour ses Formule 1 et ses GT, que de proposer des manèges à sensations fortes ? Et quoi de plus brillant, aussi ? Les enfants qui font l'expérience de ces parcs associent ainsi d'emblée les sensations fortes avec le constructeur italien : de quoi renouveler l'image de marque pour les prochaines générations et entretenir la flamme pour longtemps encore...
Vous aimez la légende Ferrari, Tematis vous propose de vous mettre au volant de l'une de ses voitures extraordinaires en effectuant un stage pilotage Ferrari sur l'un des circuits en France. Et pour ceux qui veulent découvrir la légende Ferrari in situ, nous vous proposons un road trip dans la "Motor Valley" italienne, à la découverte des musées et usines Ferrari, Lamborghini, Pagani ou Maserati. Suivez le lien pour ce road trip en Italie pour visiter l'usine Ferrari.