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Nager avec les requins: une expérience hors-norme
Expérience de nage avec les requins : en cage ou libre, types de requins, conditions, risques, coûts, zones, encadrement. Un décryptage professionnel.
Depuis plus de vingt ans, les activités de nage avec les requins attirent un public en quête de sensations encadrées. Entre les plongées en cage avec les requins blancs à Gansbaai en Afrique du Sud, les immersions libres avec les requins-baleines au large du Yucatán ou les mises à l’eau dans les lagons polynésiens avec des pointes noires, l’offre s’est diversifiée, souvent sans contrôle strict. Les prix varient fortement selon le pays, le type de requin et le niveau de sécurité. L’encadrement repose principalement sur les structures privées, avec des normes très hétérogènes. L’activité alimente un marché de niche mais lucratif, tout en posant des questions sur la sécurité humaine, le stress animal, et l’éthique des appâts. Cet article propose une analyse rigoureuse et technique des différentes pratiques, des espèces impliquées, des risques et des conditions concrètes de réalisation.
La nage en cage avec les requins dangereux
Un encadrement logistique spécifique mais inégal selon les pays
La nage avec les requins en cage concerne principalement les espèces classées comme potentiellement dangereuses : Carcharodon carcharias (grand requin blanc), Galeocerdo cuvier (requin-tigre) ou Carcharhinus leucas (requin-bouledogue). Le principe repose sur la mise à l’eau d’une cage métallique, souvent suspendue à quelques mètres sous la surface, dans laquelle les participants s’immergent, vêtus de combinaison et parfois équipés de bouteilles.
Les zones les plus fréquentées sont Gansbaai (Afrique du Sud), Guadalupe Island (Mexique), Neptune Islands (Australie du Sud) et plus récemment La Réunion. À Gansbaai, plus de 60 000 personnes participaient chaque année à ces excursions avant la baisse d’effectifs de requins blancs constatée depuis 2017. À Guadalupe, les excursions coûtent entre 2 600 € et 3 500 € pour 3 jours, incluant l’hébergement sur le bateau. En Afrique du Sud, la prestation à la journée coûte environ 180€, soit environ 2 400 à 3 000 ZAR.
Utilisation d’appâts : attractivité ou perturbation comportementale ?
L’usage d’appâts à base de thon ou de sang de poisson est quasi systématique pour attirer les requins. Cette méthode, bien qu'efficace, perturbe les circuits de comportement naturel. Plusieurs études (Daly et al., 2014) ont démontré une modification des trajectoires migratoires chez les requins blancs exposés fréquemment à ces pratiques. Des pays comme l’Australie imposent des quotas d’appât par heure, mais ces règles restent marginales.
Risques techniques : équipements, accidents et limites
Les incidents restent rares mais non nuls. En 2019, une cage s’est partiellement disloquée à Guadalupe après le choc violent d’un grand requin blanc, sans blessure grave. Les cages, en acier inoxydable, sont censées résister à une pression de plus de 1 000 kg. L’oxygénation en surface est souvent assurée par des bouteilles externes ou un narguilé.
Certaines structures ne demandent aucun certificat médical, ni formation, exposant des novices à des situations de panique sous-marine. Dans ce type de prestation, le risque perçu est élevé, mais le risque réel, avec cage bien conçue et équipe entraînée, reste faible.
La nage libre avec les requins-baleines et autres espèces non-agressives
Requins-baleines : immersion passive dans des zones spécifiques
La nage libre avec les requins-baleines (Rhincodon typus) s’effectue sans protection physique. Ces animaux, les plus grands poissons du monde (jusqu’à 15 mètres de long et 20 tonnes), sont réputés non-agressifs. Les principales zones d’observation sont Isla Holbox (Mexique), Donsol (Philippines), Ningaloo Reef (Australie) et Tofo (Mozambique). À Holbox, l’excursion coûte environ 90 € (soit 1 800 MXN) pour une mise à l’eau de 2 à 3 fois, accompagnée d’un guide.
Réglementation, surfréquentation et stress animal
Certaines zones, comme Ningaloo, imposent des règles strictes : pas plus de 10 personnes dans l’eau simultanément, distance minimale de 3 mètres, interdiction de toucher. Mais d’autres destinations, comme Oslob (Cebu), se contentent de nourrir artificiellement les requins pour les maintenir à proximité, modifiant leur comportement alimentaire. Cette pratique, bien que rentable localement, nuit au schéma migratoire et favorise les blessures dues aux hélices.
L’UNESCO, via le Programme sur l’Homme et la Biosphère, recommande des limites de densité touristique de 0,5 nageur par 100 m² de surface marine occupée, rarement appliquées dans les faits.
Espèces fréquemment rencontrées et profil de dangerosité
D’autres requins souvent rencontrés en nage libre sont :
- Triaenodon obesus (requin à pointes blanches récifal),
- Carcharhinus melanopterus (requin à pointes noires),
- Sphyrna lewini (requin-marteau halicorne).
Ces espèces, malgré leur réputation dans l’imaginaire collectif, provoquent peu d’incidents réels. Le Global Shark Attack File (GSAF) ne recense que 13 incidents sur requins-baleines depuis 1958, tous non mortels.
Les enjeux économiques, techniques et éthiques de l’activité
Un marché segmenté mais porteur
Le secteur de la nage avec les requins représente un chiffre d’affaires mondial estimé à 350 millions d’euros par an, selon les données de la WWF et des offices du tourisme. L’Australie, les Maldives et l’Afrique du Sud concentrent l’essentiel du flux. Les marges bénéficiaires sont élevées en raison des faibles charges d’exploitation : une embarcation, une cage, une équipe réduite, et un marketing orienté.
Des opérateurs affichent des rentabilités supérieures à 40 %, malgré une saisonnalité forte. À cela s’ajoute une pression sur les sites : l’île de Fuvahmulah (Maldives), par exemple, voit un afflux massif depuis que ses requins-tigres sont devenus monétisables via ces prestations.
Encadrement juridique lacunaire
Hormis quelques exceptions (parcs marins australiens, lois mexicaines sur la pêche touristique), la réglementation sur les interactions avec les requins reste floue. L’absence de normes ISO spécifiques sur les dispositifs de cage ou la formation des guides laisse place à des dérives commerciales. C'est pour cela qu'il faut travailler avec des organisations qui promeuvent la conservation, comme le fait Tematis.
Aucune norme internationale n’encadre les certifications pour les opérateurs. Les incidents, bien que peu fréquents, sont peu documentés officiellement. En Afrique du Sud, 42 % des structures ne publient aucun bilan de sécurité annuel.
Une activité sous surveillance scientifique croissante
Plusieurs équipes de biologistes marins plaident pour un suivi satellite des requins utilisés dans ces circuits afin de mesurer les effets de l’interaction humaine sur leur comportement. Le Tagging of Pacific Predators Program (TOPP) et des initiatives similaires ont démontré des modifications comportementales post-interaction, notamment un évitement des zones exploitées.
L’enjeu est désormais d’introduire des protocoles de réduction d’impact : non-recours à l’appât, limitation horaire, roulement des sites d’observation. Le secteur devra s’aligner sur des standards techniques s’il veut éviter l’effondrement de ses ressources biologiques.
Tematis vous emmène nager avec les requins
Tematis propose une immersion encadrée et professionnelle pour nager avec les requins, en partenariat avec des structures locales reconnues pour leur expertise. En Afrique du Sud, l'expérience se déroule à Gansbaai, au sein d'une organisation spécialisée dans la conservation des requins blancs. L'excursion inclut une mise à l’eau en cage, avec un encadrement technique rigoureux, des mesures de sécurité renforcées et une approche scientifique du comportement des Carcharodon carcharias. L’équipe locale collabore avec des biologistes marins, et une partie des recettes finance des programmes de protection des requins blancs.
Tematis vous emmène également au Mexique, près de Cancún, pour nager librement avec les requins-baleines, dans le respect de leur biotope. L’activité se déroule au large de Isla Holbox, dans une zone d’observation saisonnière. Les sorties sont réalisées avec des guides formés à la biologie marine et aux bonnes pratiques d’interaction non intrusive. Le nombre de participants est limité pour réduire l’impact sur les animaux. Tematis privilégie des structures locales respectueuses des écosystèmes marins, garantissant une immersion sérieuse, contrôlée et conforme aux exigences de conservation des requins.
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